Les robots n'ont jamais été enfants. Ils naissent adultes, définitivement conformés, conformistes, fonctionnels, efficaces. Dans nos sociétés " technicistes ", beaucoup d'hommes se sont robotisés. Ce qui, dans la perte volontaire d'un temps d'innocence et de questionnement où les mots trébuchent sur les choses, leur confère un air conquérant, les rend sûrs d'eux-mêmes, " incontournables ". Imagination formatée, conscience atrophiée, ils traitent la planète et les sociétés comme simples ressources. À exploiter.
Car c'est bien dans l'enfance que sourd l'imaginaire, qu'apparaît la première conscience, que prend corps le langage. Là se tient la fabrique de l'âme. Pour moi, ne peut prétendre aborder aux rives limoneuses de la poésie que celui qui n'offusque pas cette partie constitutive de lui-même, qui, plutôt que de la renier, la maintient vive pour abreuver sa vision du monde. Il s'agit de ménager en soi des clairières de naïveté où sens et sons rabibochés viendront à la lune danser la gigue nouvelle aux rythmes des flûtes nasales, des mirlitons et des tambourins.
Le reste, à la condition d'accorder aux mots le bénéfice du doute et de les forcer à dire le " vrai du vrai " tout en mentant avec effronterie, suivra.
R. L.