Le rire et l'humour viennent souvent de rencontres inattendues. C'est de l'improbable télescopage de la poésie et du calembour que naquit, à la Belle Époque, la fable express qui amusa la France entière pendant un demi-siècle. Les plus grands humoristes en ont composé : Alphonse Allais, bien sûr, et Willy – le premier mari de Colette – mais plus récemment, Francis Blanche et Boris Vian.
Longtemps l'Almanach du Canard enchaîné et l'Almanach Vermot ont maintenu la tradition. Qu'attend-on aujourd'hui pour rallumer ce flambeau injustement éteint ? Cette fable express d'Allais vous donnera-t-elle envie d'en entendre d'autres ou – pourquoi pas ? – d'en composer vous-même ?
"Lorsque tu vois un chat, de sa patte légère
Laver son nez rosé, lisser son poil si fin,
Bien fraternellement embrasse ce félin
MORALITÉ
S'il se nettoie, c'est donc ton frère !
Ou préférez-vous celui de Willy :
Que nul n'entre chez moi, dit l'auteur du Trouvère !
Et, pour faire appliquer la consigne sévère,
Il compte sur sa bonne, un monstre aux traits hideux :
MORALITÉ
La bonne à Verdi en vaut deux
Mais il en est de plus salaces, comme celle-ci, anonyme :
À Nœud-les-Mines, de bonne heure,
Les filles perdent leur honneur
MORALITÉ ( !)
Le concerto en sol mineur.
Éloignez-vous de la bordure du quai, la fable express entre en gare !"
C. G.