Rimbaud, Cros, Corbière, Lautréamont, quatre faces d'un même visage : un Prométhée qui mettrait en question le feu même. Quatre solitaires, et qui moururent, les quatre, de solitude ; quatre écrivains de génie qui bafouèrent le génie de la langue ; quatre phares qui décidèrent de n'éclairer, dans nos ténèbres illuminées, que les lumières occultées ; quatre compagnons écartés les uns des autres et qui mirent, chacun à sa façon, le feu aux poudres ; quatre comparses d'insomnie. Voici un livre qui vous interdira de dormir !
À eux quatre, qui sont enracinés dans le XIXe siècle, ils composent une Bible valable pour les siècles suivants. Lautréamont désigne une dialectique. Rimbaud montre du doigt la vraie vie. Charles Cros dédaigne. Corbière affiche le jaune (le rire jaune va jusqu'à l'amour jaune, et jusqu'à l'humour jaune). Ah ! ils sont inconfortables. Mais c'est à vous qu'ils s'adressent, et c'est vous qui devez choisir, à vos risques et périls, de les lire.
Poètes maudits ! Paul Verlaine se trompait. Nous, après lui, nous sommes trompés. Il reste, dans la faculté d'écrire pour tous, dans la faculté de lire, pour tous, une faille. Ce sont ceux-ci qui en sont les coupables. Qui la désignent. Et qui ne cessent de la creuser. Ce qu'ils démontrent ? Qu'aucune lecture n'est innocente... Ce qu'ils prouvent ? La mort prochaine... Ce qu'ils disent ? Que la parole est tout ensemble glorieuse et périssable...
Poètes maudits ? Soit ! Nous sommes leur miroir !
Hubert Juin.