Adaptation de Paul Éluard
Chaque peuple a vu immoler (certains continuent d'ailleurs de le faire) de précieuses victimes sur l'autel de la liberté. À cet égard, les Bulgares sont parmi les premiers. Bien plus : le panthéon de la liberté est bâti avec les crânes des combattants, connus et inconnus, pour un monde plus juste. Les noms de ces victimes et de ces héros dépassent en nombre les jours de l'année et aucun calendrier ne pourrait les contenir. Mais les Bulgares vénèrent tout particulièrement deux dates : le 19 février, jour où l'apôtre de la liberté Vassil Levski fut pendu aux environs de Sofia pour avoir consacré sa vie à un seul idéal – voir son peuple libéré des chaînes rouillées imposées par un empire chancelant et son pays devenir " une république pure et sainte " ; le 2 juin où, dans le Balkan, quelques années seulement après avoir chanté l'exploit de Levski dans un poème qui nous permet sans hésiter de le qualifier de génie, périt Christo Botev. De la même mort que le héros de sa ballade Hadji Dimitar, en communion avec l'univers. Si bien que les générations suivantes font de ce jour celui de Botev et des héros morts pour la liberté. Le reste tient en une vingtaine de poèmes, peu nombreux, certes, mais aussi explosifs qu'un bâton de dynamite avec lequel on fait voler en éclats les fondements des tyrannies du monde.
Kiril Kadiiski,
conseiller à l'Ambassade de Bulgarie,
directeur de l'Institut culturel bulgare
Ouvrage publié avec le concours du ministère de la Culture de Bulgarie.