Après avoir décortiqué la Ve République, Marie France Garaud se penche sur un phénomène de société qui semble inéluctable : le désintérêt croissant des français pour le débat politique.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Nos gouvernants occupent le pouvoir mais ne l'exercent pas. Nul n'en doute, d'ailleurs, hors d'une classe politique absorbée par ses concurrences internes alors que l'Etat fait naufrage, impuissant à agir, discrédité par les scandales de tous ordres, réduit au simulacre de son ancienne grandeur.
Nous glissons de l'Etat à la société, de la souveraineté à l'identité et du gouvernement à la gestion, refusant de comprendre ce que ce dérapage comporte d'imposture, révèle d'inconsistance et engendre de dangers.
Depuis la chute du Mur, le monde bouge partout autour de nous et ses bouleversements nous heurtent de plein fouet. Oui, la déglaciation du monde communiste a transformé tous les rapports de force. Oui, la Chine restaure son empire. Non, l'Europe n'est plus le centre du monde qu'elle fut pendant des siècles. Oui, l'Allemagne y prend la main et ce n'est pas d'hier.L'ampleur de ces mutations devrait conduire ceux qui prétendent gouverner à un formidable effort de courage et de lucidité. Chacun constate que ce n'est pas le cas. Cultiver la rage ou la nostalgie ne servirait à rien. Le plus urgent serait de simplement poser les problèmes... et de garder malgré tout une fragile espérance.