Ils s'appellent Amar, Thomas, Fatima, Pierrot, Mélissa, Bao... Ils sont éducateur, entraîneur de rugby, aide-soignante, commerçant, sapeur-pompier, chômeuse, flic ou voyou. Bouffeur de curé, agnostique, chrétien, juif ou musulman. De José Bové à Jean-Marie Le Pen, ils incarnent toutes les sensibilités politiques de ce pays.
Venus du nord de la France, d'Algérie, de Côte-d'Ivoire ou nés là, dans le 91, ils ont pour point commun de vivre à Grigny, un monde à part à tout juste trente kilomètres de Paris. L'une des villes les plus jeunes et les plus déshéritées de France.
Un concentré du " malaise des banlieues ", ce mal français surmédiatisé lors des émeutes de l'automne 2005 et étrangement absent de la dernière présidentielle dont tout inclinait pourtant à penser qu'il constituerait un enjeu majeur.
Face à ce silence, une jeune journaliste a choisi de donner la parole à ces citoyens que l'on n'entend jamais, avec comme " fil rouge " la campagne 2007, qui s'est révélée aussi omniprésente partout ailleurs en France qu'inexistante là-bas, de l'autre côté du périph. Leurs colères, leurs attentes et le partage de leurs convictions bousculent salutairement les certitudes et les a priori, loin des images plaquées véhiculées par les médias. Et dressent ce constat, en filigrane : dans " les quartiers " encore plus qu'ailleurs, la politique reste à réinventer, en urgence, si l'on veut que cesse de se creuser le fossé entre les cités et le reste du pays.