Pour dénoncer la politique d'immigration de N. Sarkozy, on parle souvent de démagogie. Or il n'en est rien : loin d'exploiter la xénophobie populaire, nos gouvernants ne cessent de braver les enquêtes d'opinion. Cet essai vif et informé s'interroger sur le peu d'indignation que suscite cette politique, tant au sein de la gauche que dans les médias.
La politique d'immigration de Nicolas Sarkozy est souvent accusée de démagogie. À tort. Car loin d'exploiter la xénophobie populaire, le chef de l'État et ses ministres n'hésitent pas à braver l'opinion. Faisant fi des enquêtes qui montrent que les Français se préoccupent bien davantage de l'emploi, du pouvoir d'achat ou des inégalités, ils s'obstinent à soutenir que l'immigration est leur problème principal.
Pourquoi cette xénophobie d'en haut ? Les études sérieuses révèlent pourtant qu'aucune rationalité économique ou démographique ne la justifie. Quant aux bénéfices politiques qu'elle permet d'engranger, l'impopularité d'initiatives telles que le débat sur l'identité nationale ou le discours de Grenoble indique qu'ils ne sont pas plus significatifs que les coûts de l'immigration.
Il s'agit alors de comprendre ce qui a conduit la droite française à tant miser sur la résurgence de la " question immigrée ". À cette fin, Xénophobie d'en haut se penche sur les circonstances qui ont amené les dirigeants français à s'emparer d'une telle question, en dépit du terrible bilan de ses usages antérieurs, ainsi que sur la manière dont ils sont parvenus à le faire - au sein d'une Union européenne pourtant fondée sur la leçon de 1945 : " Plus jamais ça ! "
La dérive d'une droite éhontée soulève encore deux questions. Elle appelle à se demander pourquoi les médias les plus hostiles au populisme s'ingénient à minimiser son ampleur, au risque de la conforter, mais aussi pourquoi une gauche complexée se borne à la confondre avec de la démagogie, comme si l'hostilité aux étrangers était le lot des classes populaires. Or la pusillanimité de l'opposition est d'autant plus déplorable, concluent les auteurs de Xénophobie d'en haut, que la récusation du " problème de l'immigration " est la condition de possibilité d'une véritable alternance.