Dans un monde dont les repères vacillent, il est nécessaire de repenser les condtions d'une nouvelle cité des hommes comme rempart contre les barbaries.
L'histoire accélère. Le monde bascule. Dans la frénésie des krachs et des guerres, il paraît à bout de souffle. Une crise de plus ? Non, c'est aujourd'hui la faillite d'un monde. Un triple effondrement sape les fondements de l'ordre international : la démesure de la spéculation et de la mondialisation financière ; la perte de repères de nos modèles industriels vieux de deux siècles ; et surtout la mort de l'Occident, parti il y a cinq siècles à la conquête matérielle et morale du monde et aujourd'hui exsangue. Il est urgent de renoncer aux folies qui nous ont menés à l'abîme, le vertige de la force incarné par l'Amérique de Bush, le fantasme de pureté de l'Occident qui lui fait tenir sans cesse un double langage, l'enfermement de la peur qui rôde depuis les attentats du 11 septembre. Nous trions les décombres d'un monde en train de s'écrouler. Il faut le refonder. C'est une chance historique. Les atouts sont là : l'élection de Barack Obama, la prise de conscience des défis climatiques, le désir de paix. Pour la première fois, l'humanité vit à la même heure. Le temps du choix est donc venu : construire la cité des hommes ou être englouti par une nouvelle barbarie.
Dominique de Villepin en dessine ici la carte.