A la veille de l'ouverture du procès (7 mars 2011) où comparaît l'ancien président pour emplois fictifs présumés, la question mérite d'être postée : de quelle façon Jacques Chirac restera-t-il dans l'Histoire ? Difficile d'imaginer que le partisan de l'annulation de la dette des pays du Sud fut le bénéficiaire d'énormes frais de bouche à la mairie de Paris ou que le chantre de la diversité culturelle était ce politicien qui a occis tous ses adversaires...Il n'est pas le porteur d'une doctrine. Il n'a pas de convictions, tout au plus des opinions, aussi tranchées que fluctuantes. Il n'a guère eu de projet de société et sa cote de popularité fut toujours inversement proportionnelle à son degré d'implication dans les affaires publiques. Il n'a pas incarné non plus le pays réel, attaché qu'il était à une France rurale en voie de disparition. Quant à son action sur la scène internationale, elle était à la mesure de la place réelle de la France dans le monde : celle d'une province reculée du continent européen.Ce que les Français retiendront de lui, c'est avant tout son combat obstiné pour sa survie politique. Il fut un grand prédateur au tableau de chasse impressionnant, qui sut éliminer tous ceux qui se dressaient sur son parcours et sous-estimèrent ses capacités. Les Français lui savent gré d'avoir été le " tonton flingueur de la Ve République ". Voilà pourquoi ils admirent une personnalité inclassable dont la route fut jonchée de dépouilles : de la gauche corrézienne à Chaban-Delmas, en passant par Michel d'Ornano, Raymond Barre, Valéry Giscard d'Estaing, Édouard Balladur, Philippe Séguin et, last but not least, Nicolas Sarkozy. C'est ce parcours que ce livre retrace, la revanche de César sur Brutus et de Childéric sur Pépin le Bref.