L’intime ne se réduit pas au privé : loin d’être un repli intérieur, il est le fruit d’une rencontre. Il n’y a pas d’intime sans altérité, donc sans exhibition ni sans pudeur. L’intime structure l’identité psychique dans son rapport à autrui, au point que Lacan a créé le mot extime pour faire résonner sa part d’étrangeté. Plus qu’une rencontre des corps, l’intime est une fabrique du langage, qui confère au sujet un certain équilibre et un goût pour le monde, facilitant sa socialisation.
Dès lors que se passe-t-il quand l’intime chute, quand on le brise, le viole, le force ou le fait taire ? Quels sont les effets d’une intimité brisée et trahie sur un sujet ? Comment ce dernier peut-il résister à une forme de mélancolie qui s’étend à toutes ses représentations, y compris politiques ?