Cet essai, écrit par Jung vers la fin de sa vie, résume sa pensée morale et sociale et peut à bon droit passer pour son testament spirituel.
Malgré leurs divergences, Jung et Freud s’accordent pour penser que l’épanouissement de l’individu est menacé par le développement de la civilisation.
La pression des masses organisées plonge l’individu dans un état de « somnambulisme infantile » où il perd sa dignité. La science qui l’ignore au profit des abstractions de la statistique légitime cette évolution.
De surcroît, les grandes idéologies de masse – politiques ou religieuses – portent jusqu’à la dépossession de soi cette réduction de l’individu réel à la moyenne abstraite de l’homme commun entreprise par le rationalisme scientifique. Mais le pire, c’est que l’on fuit alors la raison pour le mythe, qu’il s’agisse des religions ou des dictatures, de la Cité de Dieu ou de l’Etat déifié.
Toutefois, cette perspective réductionniste n’est pas inéluctable. La voie indiquée par Jung pour y échapper consiste à porter le regard vers les « profondeurs » du Soi, pour intégrer les énergies archétypiques qu’il révèle. Ce « processus d’individuation » est la condition préalable qui ouvrira à terme les voies d’un « compromis entre l’individu et la société ».