En 1795, l'African Association de Londres commandite un jeune Écossais de vingt-quatre ans ayant " une formation médicale et des connaissances en histoire naturelle " pour entreprendre un voyage de prospection à l'intérieur des terres africaines. Ce jeune Écossais se nomme Mungo Park. Ce qu'il voit en amont du fleuve Gambie, dans les territoires du Sénégal et du Mali actuels, nul autre homme ne le verra jamais plus ; et c'est pourquoi son récit de voyage demeure à la fois un document unique sur les prémices de l'esclavagisme mercantile britannique et américain, et un legs ethnographique irremplaçable.
À mesure qu'il avance à l'intérieur des terres, Park découvre une Afrique industrieuse, commerçante et souveraine, formée d'innombrables États indépendants et jaloux ; un espace historique dense et prospère que la présence coloniale dénaturera de façon tragique, interrompant les échanges entre royaumes, démantelant le commerce, délaissant ou déviant l'agriculture, rabattant cruellement les populations autochtones sur les zones côtières de mise en valeur.
C'est cette Afrique jadis active et souveraine, cette Afrique insoupçonnée des petits monarques devenus par la force des choses d'âpres esclavagistes, que le Voyage de Park restitue sans complaisance.