Toute sa vie, Paul Morand (1888-1976) a été un voyageur intrépide, insatiable, infatigable. Son métier de diplomate et son aisance ont certes favorisé ses goûts. Mais n'eût-il pas disposé de ces facilités, il aurait de toute manière satisfait ses envies : il était né globe-trotteur.
Si ses romans et ses nouvelles (dont certaines furent préfacées par Proust) révèlent un talent de conteur hors pair, ses récits de voyage nous font découvrir un homme avide de sensations neuves, de paysages inédits, de bruits, d'odeurs, de rencontres. Certes, on n'avait pas attendu Morand pour voyager. De Hérodote à Marco Polo, de Montaigne à Montesquieu, les écrivains ont lié leur exploration de l'espace à celle de l'homme. Or, Morand ne se livre à aucun exercice de relativisme moral ou politique, n'essaie pas de se consoler des étroitesses du monde bourgeois par l'exotisme fût-il oriental. Il voyage parce qu'il veut se sentir libre et toujours en mouvement. " Nous nous mîmes à dévorer la terre, impatients de la lenteur des paquebots, excités par la soudaine liberté. Nous cherchâmes à vivre au plus vite et à nous immobiliser le moins possible, à nous fondre dans ce qui nous apparut comme l'essence même de toute vie : le mouvement. " Qui n'aurait envie de se laisser entraîner à sa suite, de se laisser emporter par le rythme de sa phrase, de se laisser charmer par la pertinence et l'impertinence de ses notations ? C'est à juste titre qu'on a dit de lui : il a du style !
Robert Kopp.
Ce volume réunit pour la première fois les textes de voyage les plus importants. Il contient notamment : A propos de USA, album de photographies lyriques (1928) ; Paris-Tombouctou (1928) ; Hiver Caraïbe (1929) ; Le Rhône en hydroglisseur ou un Mississipi sans crocodiles(1929) ; New York (1930) ; Londres (1933) et Le Nouveau Londres (1962) ; Bucarest (1935) ; Méditerranée, mer des surprises (1938) ; L'Europe russe annoncée par Dostoïevski (1948) ; Le voyage (1927 et 1963) ; extraits d'articles (1927 et 1963) constituant une poétique du voyage.