Le mot Orient désigne, au XIXe siècle, un espace levantin qui se déploie autour des rives orientales de la Méditerranée : Grèce, Turquie, Syrie, Palestine, Egypte, avec pour capitale, sinon pour centre, Constantinople. Espace mixte, islamo-chrétien, saturé de signes contradictoires, qui demeure, jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, un objet de fascination permanente.
Le voyage en Orient représente alors pour les Français un rite de passage bourgeois, par lequel on accède à une double vérité : celle de la connaissance ; celle du désir. C'est un système touristique, mais bien plus un périple symbolique, qui sous prétexte de recouvrer un héritage, va produire une véritable idéologie de la colonisation douce.
C'est en somme un acte littéraire : la présente anthologie ne se borne pas à exploiter, de Volney à Barrès, le riche filon du récit de voyage, quelque peu occulté par la tradition universitaire. Elle donne au lecteur accès à un trésor essentiel de notre imaginaire collectif.
Jean-Claude Berchet.