Aujourd’hui triomphe une tendance baptisée « néogothique ». Il s’agit d’un mouvement de fond, hérité de la tradition du roman « gothique » ou « romantisme noir » de la fin du xviiie et du début du xixe siècle, privilégiant un type de décor ou de « mise en scène » qu’illustrent, entre autres, le château médiéval, l’abbaye, le cimetière ou la crypte – autant d’espaces clos et nocturnes où l’homme se trouve confronté à la terreur ou à l’horreur (Hoffmann, M.R. James, Wilkie Collins).
Cet ouvrage porte sur l’évolution et la pérennité d’un genre qui continue de s’exprimer à travers d’autres modes de représentation, comme la peinture, le cinéma, la photographie. Il s’agit aussi de cerner les traits spécifiques de cette fiction : paysages, architectures, typologie des personnages, jeux narratifs, onirisme, écriture de l’excès, et de réexaminer le concept de « gothique » à la lumière de différents discours critiques. Ce phénomène spectaculaire ne se limite pas au monde anglosaxon et touche aussi bien le roman (Graham Masterton, Clive Barker, Chuck Palahniuk) que le cinéma (Tobe Hooper, David Lynch, Stanley Kubrick), la photographie (Misrach), la BD, la mode et la musique et contribue à l’hybridation des genres.
Dans la sphère de la modernité culturelle, partout dans le monde se manifeste une peur de l’effondrement ou de l’inhumain. Le « néogothique » serait-il ce revenant qui permet de formuler l’indicible du cauchemar contemporain ?