Nata est sur le seuil, les cheveux défaits, les pieds nus
consciemment posés à moitié à l’intérieur de la maison,
à moitié sur la route, et cette histoire d’apparition dans
le coin de la fenêtre finit par être ce que Nata veut qu’elle
soit : un prétexte pour prendre une bouffée d’air du dehors. Une seule bouffée et elle rentrera. Elle tend son visage,
lentement, menton d’abord puis le front, enfin le nez ;
c’est par le nez qu’elle prend connaissance du dehors.
Une nuit de Nata raconte la nuit que traversent des personnages aux vies parallèles. Une petite fille, Nata, est poursuivie par une bête sauvage. Elle-même fuit une situation étouffante ; sa Marraine Tanaté est sur le point de mourir. La malade est immobile et fragile, mais sa présence va être sensible tout au long de la nuit.
Pendant ce temps, Gémo s’est lancé sur la piste au volant de son ambulance. Ce garçon a des rêves de Société Nationale Ambulancière ; ses rêves paraissent ingénus, irréalisables, mais ils auront eux aussi leur rôle à jouer dans cette nuit.
Tous les personnages de ce conte – humains, bêtes, objets et paysages – vont se trouver liés par les événements. Benoît Reiss leur fait vivre simultanément un moment épais et envoûtant, comme pourrait l’être celui d’un conte. Ils réaliseront alors ensemble cette chose incroyable, laquelle d’habitude ne se montre pas, hormis dans les contes justement: ils vont réaliser l’unité du monde, des choses et des êtres.