« Le juge Ti, c'est moi », aurait dit Van Gulik. Dans ce roman écrit en 1964 et qui se déroule à Amsterdam, il nous invite à rencontrer une autre facette de son personnage, à travers la personnalité de son héros Johann Hendricks, un ancien fonctionnaire colonial hollandais rapatrié après la Seconde Guerre mondiale. C'est un roman étrange, à mi-chemin entre Chase et Simenon, où l'on peut humer le parfum du gin hollandais, du tabac et de la sciure, et dont le héros remporte, après bien des péripéties, d'étonnantes batailles psychologiques et mystiques. À la façon du juge Ti, en quelque sorte. C'est le regard d'adieu, le dernier cadeau de Van Gulik l'enchanteur.
Robert Van Gulik, (1910 - 1967), après des études aux universités de Leyde et d'Utrecht, fit toute sa carrière dans la diplomatie, à quoi tout le prédisposait. Polyglotte: il pratiquait une dizaine de langues dont le malais, l'anglais, le grec et le latin mais aussi le russe, le chinois et le japonais. Ce fut aussi un érudit, initié entre autres à la calligraphie chinoise et à la philosophie bouddhiste. On lui doit des études savantes, notamment sur La vie sexuelle dans la Chine ancienne, sur le luth chinois et la peinture érotique japonaise, mais aussi les célèbres enquêtes du juge Ti, ce fonctionnaire de l'époque Tang qui a conquis des générations de lecteurs dans le monde entier.