« Pour nous, il n’est qu’une saison : la saison de la douleur. Le soleil et la lune mêmes semblent nous avoir été ravis. Dehors, le jour peut être d’azur ou d’or, mais la lumière qui filtre à travers la vitre obscurcie de la petite fenêtre aux barreaux de fer, sous laquelle nous nous asseyons, est grise et misérable. C’est toujours le crépuscule dans notre cellule, comme c’est toujours le crépuscule dans notre cœur. »
Condamné pour homosexualité, Wilde rédige De pro-fundis dans la prison de Reading, et si cette longue lettre adressée à son jeune amant, lord Alfred Douglas, évoque leur passé commun, elle est aussi pour l’écrivain le moyen de se retrouver, comme s’il lui fallait retisser le tissu défait d’une existence à la fois futile et perdue. Un an plus tard, en 1898, il publie La Ballade de la geôle de Reading, poignant poème sur l’horreur de l’incarcération et sursaut de l’esprit contre l’injustice, mais également défense de l’art, en dépit de tout. C’est la dernière œuvre de Wilde.
Édition de Pascal Aquien.Traductions deLéo Lack et Jean Besson.