Saisir les traits essentiels d’une personnalité, concentrer en quelques pages le sens d’une destinée : c’est en quoi excelle Stefan Zweig, dans les brefs portraits rassemblés ici, articles de journaux, préfaces, textes écrits à l’occasion d’un décès ou d’un anniversaire. Lui-même a connu certains des personnages évoqués : ainsi Romain Rolland, Joseph Roth, Rainer Maria Rilke, Rabindranath Tagore, qu’il côtoya ou qui furent des amis. Sur d’autres, rencontrés ponctuellement – Albert Schweitzer, Theodor Herzl –, il livre un témoignage précieux. Mais qu’il s’agisse d’écrivains – Proust, Ramuz… –, du musicien Mahler, de l’homme politique Jaurès ou de Freud, Zweig portraitiste cherche avant tout la compréhension intime et chaleureuse, la proximité humaine, l’empathie. Et c’est finalement, à travers vingt-deux visages, un autoportrait qui nous est donné du grand écrivain autrichien, avec ses questions, ses doutes, ses hantises.