« Kafka dont l'oeuvre si singulière a l'air tombée du ciel est-il un maître ? Oui. Le maître se reconnaît à ce qu'il apporte aux hommes une nouvelle façon de regarder. Si nouvelle que souvent le public crie au scandale.
« Dans Le Procès il se débat contre la justice. Où est la justice ? Qu'est la justice ? M. K., son héros principal, est arrêté un beau matin par des policiers mystérieux, pour une faute qu'on ne veut pas lui dire. Il reste libre de ses mouvements. Mais il ne peut plus ignorer qu'un procès lui est intenté par des instances énigmatiques. Il essaiera de voir des juges, des avocats. Il tourne en rond, il perd sa peine. Il apprend qu'il ne peut être gracié.
« A l'aube, un jour, deux messieurs en frac et en gibus l'exécutent dans une carrière, en lui sciant le cou dans un mouvement de ballet.
« Quelle est cette justice étrange ? Quel est ce Procès qu'on ne peut jamais gagner ? M. K. n'est-il pas l'homme tout court, condamné à mort de naissance, et qui s'agite vainement du néant à la tombe ? »
Alexandre Vialatte.
Traduction d'Axel Nesme.
Présentation et notes de Brigitte Vergne-Cain
et Gérard Rudent.