Sur les quais de Karlshamn, la Charlotta s'apprête à appareiller. Karl Oskar est soucieux. Le navire censé assurer leur émigration vers les états-Unis d'Amérique est en bien piteux état. Quant à Robert, son rêve de grande aventure s'en trouve un peu ébréché. Même Kristina ne tarde pas à partager ces pensées.
Il fut un temps où la Charlotta était un noble navire de commerce et non un vulgaire transporteur d'émigrants, cette engeance qui s'entasse dans l'entrepont et n'a décidément jamais le pied marin. La vie à bord n'est que tourments : la promiscuité, la saleté, les poux, le scorbut et le mal de mer s'acharnent sur les passagers. Le capitaine Lorentz, vieux loup de mer aigri et solitaire, le sait bien, lui qui prévoit un boisseau de terre de Suède en vue de simuler des funérailles qui se termineront inéluctablement au fond de l'eau. Après Au pays, La Traversée est le récit d'un voyage qui ne devait durer que quelques semaines. Un voyage au bout de soi, une douloureuse épreuve dans la fabuleuse destinée de ces émigrants.