Parfois, après la messe, il me faut marcher tant les chants me transportent. A grands pas, dans la forêt, m'abasourdir de mouvement. Parfois des heures entières, jusqu'à la nuit tombée. Un soir, à mon retour, ma mère est si inquiète qu'elle crie en me voyant. Toute la journée, elle a eu peur. J'ai cru que tu avais été enlevée par un ogre, dit-elle en me serrant trop fort et en pleurant, malgré sa colère.
L'ogre était dans vos bras, mère, et vous ne le saviez pas.
Histoire passionnée d'une aventure intérieure, à la fois journal, courtes nouvelles, pièce de théâtre, ce roman en trois dimensions pose la question du mal et de la jouissance : la question de l'appétit.
Depuis l'enfance, Isabelle, l'héroïne, est possédée par l'appétit. Les livres, les mathématiques, le mouvement, la boulimie adolescente, le plaisir, les jeux dangereux, l'amour fou. De quoi nourrir une ogre de vie. Jusqu'au jour où elle découvre Gilles de Rais, la Barbe-Bleue, l'Ogre assassin. Si un ogre a pu aller aussi loin dans le mal, jusqu'où ira-t-elle ? Jusqu'où iront les ogres contemporains ?
Jusqu'où irons-nous ?
A trente ans, Isabelle Sorente nous donne à lire, avec ce troisième roman, une oeuvre envoûtante, inspirée et visionnaire.