«Echelles du Levant», c'est le nom qu'on donnait autrefois à ce chapelet de cités marchandes par lesquelles les voyageurs d'Europe accédaient à l'Orient. De Constantinople à Alexandrie, en passant par Smyrne, Adana ou Beyrouth, ces villes ont longtemps été des lieux de brassage où se côtoyaient langues, coutumes et croyances. Des univers précaires que l'Histoire avait lentement façonnés, avant de les démolir. Brisant, au passage, d'innombrables vies.
Le héros de ce roman, Ossyane, est l'un de ces hommes au destin détourné. De l'agonie de l'Empire ottoman aux deux guerres mondiales et aux tragédies qui, aujourd'hui encore, déchirent le Proche-Orient, sa vie ne pèsera guère plus qu'un brin de paille dans la tourmente. Patiemment, il se souvient, il raconte son enfance princière, sa grand-mère démente, son père révolté, son frère déchu, son séjour en France sous l'Occupation, sa rencontre avec Clara, leurs moments de ferveur, d'héroïsme et de rêve ; puis la descente aux enfers.
Dépossédé de son avenir, de sa dignité, privé des joies les plus simples, que lui reste-t-il ? Un amour en attente. Un amour tranquille, mais puissant. Peut-être, en fin de compte, plus puissant que l'Histoire.
Il est des personnages de roman qui s'imposent par l'universalité de leur histoire. Leur destin particulier porte témoignage de millions d'autres ; à travers leurs amours, leurs drames, leurs espérances, des peuples se reconnaissent... Ossyane est de ces héros romanesques qui ont la présence des personnages mythiques.Pierre-Robert Leclercq, Le Monde.