— Dis-donc, l’autre jour j’ai repensé à ton petit polar. — Quel petit polar? — Celui que tu m’as raconté à ton retour de Bretagne. — Ce n’est pas un polar, c’est ma vie. — Ça pourrait faire un sacré film, dit-il tout excité. — Te fiche pas de moi! — Mais si, l’écrivain naïf ébloui par son premier succès, le fils mal aimé adopté par un cinéaste de génie, le rêve en technicolor, et puis la déveine, le truc qui fiche tout en l’air! Je n’étais pas dupe, ce qui l’excitait c’était le parfum de roman noir qui flottait sur les épisodes décisifs de ma jeunesse. Il ne voulait plus en démordre : — Un sacré film, je te dis! J’aurais préféré en faire un sacré roman ! Seulement voilà, toute cette histoire m’avait ôté l’envie d’écrire, donc de vivre. Mais, alors que je me laissais mourir de froid un soir de Noël, au fond du Bois de Boulogne, une femme a surgi…
Alexis Salatko renoue avec la veine du «mentir vrai» qui avait valu son succès à Horowitz et mon père (Fayard, 2006).