Ce volume de l'Histoire de la littérature russe présente
l'époque de Pouchkine et de Gogol, les deux écrivains qui ont
assuré aux lettres russes le rang qu'elles occupent depuis le
XJX~ siècle parmi les grandes littératures du monde moderne.
Alexandre Pouchkine est considéré comme le créateur, non
seulement de la poésie romantique russe, mais aussi de la tragédie
historique (Bons Godounov), de la prose réaliste, du
roman (Eugène Onéguine) et, ce qui est d'une importance capitale
pour ses contemporains et sa postérité, de cette langue
moderne russe, souple, riche et mélodieuse qui a servi aussi
bien les poètes qui lui succédèrent que les grands romanciers,
de Tolstoï et Dostoïevski à Mikhaïl Boulgakov et Boris
Pasternak. Nikolaï Gogol fut à la tête de « l'école naturaliste »,
de cette prose russe qui devait jouer un rôle inestimable dans
l'évolution de la littérature mondiale. Il a donné forme à un
type fantastique social qui a influencé tous les arts, qui est
entré dans l'imaginaire européen.
On trouvera dépeints ici les grands courants idéologiques,
esthétiques et littéraires de la première moitié du XIXe siècle
en Russie : le postclassicisme des archaïsants, le sentimentalisme
de Karamzine et de ses disciples, les différentes
variantes du romantisme («l'école de la précision harmonieuse»,
la poésie politique des décembristes, l'élégie de
Joukovski, le démonisme de Lermontov, les tendances réalistes
de la prose postgogolienne, etc.). Comme dans les
volumes précédemment parus, des chapitres entiers sont
consacrés aux grands courants, suivis de monographies présentant
les auteurs sous forme de portraits. De même, outre la
littérature proprement dite sont traités la critique, le théâtre,
la peinture, l'architecture, les problèmes de la culture en
général.
Tel qu'il est, nous espérons que ce tome rendra compte avec
fidélité de l'extraordinaire floraison culturelle que la Russie
connut en cette première moitié du XIXe siècle, « Age d'or » de
la poésie russe comme on l'a souvent baptisée et véritable
miracle que salua à juste titre Dostoïevski dans son discours
de 1881 célébrant la mémoire de Pouchkine.