Traduit de l'hébreu par : Laurence SendrowiczYoram Kaniuk interroge ici le jeune homme qu’il a été en 1948, survivant d’une guerre (la guerre d’Indépendance) qui relève davantage de Charlot soldat que du récit héroïque.À partir d’anecdotes où l’horreur côtoie le burlesque, l’écrivain compose un puzzle inédit. Dans une écriture à la fois jaillissante et contrôlée, il retrouve son regard d’adolescent perplexe jeté dans la bataille avec, pour tout entraînement, quelques bains de mer glacés. Témoin privilégié d’événements qui le dépassent, d’un conflit où rien n’a été réglé malgré le prix humain démesuré qu’il exige encore, Yoram Kaniuk ne cherche ni à justifier ni à condamner.
Magistralement, avec beaucoup de subtilité, en évoquant un conflit vieux de plus de soixante ans, l’écrivain nous parle d’aujourd’hui. Au fond de chaque description de ces combats d’où nul n’est ressorti vivant, c’est l’inanité de toutes les guerres qui nous prend à la gorge.
Yoram Kaniuk (Tel-Aviv 1930-Tel-Aviv 2013) était peintre, journaliste et écrivain. Après avoir participé à la guerre d'Indépendance d'Israël, il partit vivre à New York. De retour en Israël en 1962, il commença à publier romans et nouvelles. Traduites en quatorze langues, ses œuvres ont été couronnées de nombreux prix. En France, Il commanda l'"Exodus" a reçu le prix Méditerranée (2000) et le Dernier Juif a été récompensé par le Prix littéraire de la Fondation France Israël (2010).