Juan Goytisolo rencontre Jean Genet en 1955. Il ne perdra plus de vue l’auteur du Journal du voleur. En lui il a trouvé la figure de l’écrivain opposé à toutes les normes et conventions, qui a su se donner la liberté d’écrire et de vivre. Juan Goytisolo lui revaut cette leçon de liberté : admirateur passionné de son œuvre, il compose à sa manière une biographie de l’ami Jean et une réhabilitation du poète incompris. Au début des années 1930, Genet séjourne clandestinement à Barcelone. Mendiant et orgueilleux, il partage la vie de la pègre dans le Barrio Chino, et, pour subsister, se livre au vol, au travestissement et à la prostitution. De cette expérience naissent sa poétique faite de « subversion intime » et sa quête d’absolu. Sans cette clef, Juan Goytisolo n’aurait pu donner une nouvelle définition de sa « sainteté » ni retracer sa trajectoire dans les années 1960-1980, de Paris au Liban, en passant par Chicago avec les Panthères noires. Genet à Barcelone est un hommage émouvant et juste rendu au plus grand poète de langue française du XXe siècle.