Juillet 1938. La tourmente qui se lève sur l’Europe fait craindre le pire. À Morges, sur la rive suisse du Léman, on se sent pourtant à l’abri, protégé par des siècles de neutralité ; de la guerre, on ne connaît que les bisbilles opposant les catholiques aux protestants et les Romands aux Suisses- Allemands. Mais, au cours de l’été, la petite ville est mise sens dessus dessous par l’arrivée d’une baronne hongroise à l’insolente beauté, qui apporte dans son sillage tous les désordres de la Mitteleuropa, la nostalgie de l’Autriche- Hongrie, la haine de l’Anschluss, la hantise des Bolchéviks et la terreur des Croix-Fléchées. Elle a loué pour deux mois une maison proche des berges. Deux mois, peut-être plus.Est-elle en fuite ?
Jean Billeter est né à Morges mais n’y vit plus depuis trente ans. De ses souvenirs d’enfance est né ce roman qui mêle à l’âme alpine du lac Léman la pêche des brochets et la découverte de l’amour, les comptines enfantines et les cantiques austères de l’église réformée. Mais cette poésie ne l’empêche pas d’entendre souffler le vent de l’histoire, ni de porter un regard ironique sur la manière dont la Suisse s’acharne à s’en préserver.