Récit en vers traduit du russe par Hélène Henry Composé au bagne entre 1948 et 1952 ce long poème autobiographique constitue une étape essentielle dans l’édification de l’œuvre en prose qu’entreprendra Soljénitsyne une fois libéré. À l’origine, la forme versifiée était destinée à favoriser la mémorisation : le texte sitôt composé était appris par cœur, puis détruit. Le poème suit le « chemin » emprunté par son jeune héros : son enfance à Rostov-sur-le-Don dans une famille pauvre et persécutée, sa « double foi », chrétienne par tradition familiale, communiste par éducation et conviction et, surtout, son engagement dans les combats de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à son arrestation. Cette suite de portraits et de scènes décrivant une Russie stalinienne déchirée est aussi l’amorce de la quête historique, culturelle, morale, spirituelle que poursuivra, sa vie durant, l’auteur de l’Archipel du Goulag.
Figure emblématique de la dissidence sous le régime soviétique, Prix Nobel de littérature en 1970, Alexandre Soljénitsyne (1918-2008) est l’auteur d’une œuvre considérable, dont l’Archipel du Goulag écrit dans la clandestinité, tout comme ce Chemin des forçats composé durant ses années de bagne. Contraint de s’exiler vingt ans aux Etats-Unis, il y poursuivit son grand œuvre sur la la genèse de la révolution d’Octobre, la Roue rouge. Il regagna sa Russie natale en 1994.