Fils de diplomate qui a beaucoup voyagé à travers le monde, enseignant à Oxford, Patrick McGuinness a un lieu de mémoire secret. C’est la ville de Bouillon, en Belgique, où se trouve la maison de sa grand-mère. Il y est allé enfant, il n’a cessé d’y revenir, il y retourne à son tour avec ses propres enfants. Bouillon, si proche de Charleville, où Rimbaud a vu le jour, de Sedan, où l’armée française a été défaite par les troupes prussiennes en 1870. Bouillon, ville de deux mille habitants qui a jadis été au cœur de l’Europe et a vu naître le chef du parti collaborationniste belge pendant la Deuxième Guerre mondiale. Bouillon avec son pittoresque de murs où d’antiques « réclames » vantent la Mandarine Napoléon, Bouillon où se parlent deux langues, la flamande et wallonne (« en Belgique, même les moines trappistes doivent choisir dans quelle langue se taire »), bouillon de culture et de rêverie. C’est dans ce grenier de sa mémoire que se nourrit l’imagination de l’écrivain.