" –; Je vous en supplie, trouvez-moi un nom approprié à ce que nous sommes en train de vivre.
–; Un nom approprié ? C'est tout ce que vous attendez de moi ? Surréaliste. C'est ça, le mot qui convient. "
Une journée dans la vie de Fathi Chin, écrivain célèbre interdit de publication par le Chef suprême de son pays (un pays qui pourrait être... la Syrie). Ce jour-là, on célèbre les vingt ans de pouvoir du despote : sous un soleil de feu, des milliers de personnes défilent en hurlant des slogans, des haut-parleurs braillent en boucle les discours du dictateur et les miliciens, hors d'eux, s'acharnent sur la foule. Emporté par le mouvement, harcelé par la milice, assourdi par le tintamarre, Fathi est balloté d'un lieu à un autre dans un maelström de plus en plus extravagant. Il se retrouve dans un hôpital grandguignolesque où malades et morts s'entassent dans les couloirs, puis dans les bâtiments d'une administration tentaculaire. Là, il est renvoyé de service en service, oublié dans une antichambre, jeté dans une cellule d'isolement, puis interrogé par d'absurdes fonctionnaires qui se savent pas ce qu'ils disent, avant d'être enfin libéré. Et s'il pensait pouvoir échapper à ce délire en se réfugiant chez sa mère, il se trompait. Car dans sa volonté de gagner à sa cause cet écrivain dissident, le Chef suprême a décidé de s'immiscer jusque dans sa famille : sa mère, veuve, lui apprend qu'elle va épouser l'un des membres les plus éminents du gouvernement. Il ne reste donc à Fathi qu'un seul havre où se mettre hors d'atteinte du pouvoir : l'appartement de Lama, sa maîtresse, où règne un calme d'une autre époque. Là, dans le bonheur de l'amour et dans l'exultation des corps, Fathi croit trouver les éléments qui forgent la liberté. Mais comment savoir si, à l'instar du reste, ce dernier refuge n'est pas une illusion ? Comment être sûr qu'il ne s'agit pas d'un rêve éveillé qui, à tout moment, peut basculer dans la cauchemar ?