À travers l'histoire d'un jeune Américain d'origine indienne rejetant le prénom bengali qu'on lui a donné, Jumpa Lahiri offre une évocation sensible du déracinement et des conflits intimes liés à la double culture.
À la naissance de leur fils, Ashoke et Ashima attendent une lettre de la grand-mère qui doit, c'est la coutume en Inde, choisir son prénom. Mais la lettre n'arrive pas à Cambridge (Massachussets). Ashoke est contraint d'improviser et choisit d'appeler son fils Gogol (auteur qu'il lisait lors d'un accident meurtrier dont il sortit miraculeusement indemne). Grandissant comme un petit Américain, Gogol refusera longtemps qu'on l'appelle par le prénom bengali dont il a finalement été doté : Nikhil. Au risque de se couper de ses racines... L'histoire de sa réconciliation avec ce nom est aussi l'histoire de l'intégration d'une famille aux États-Unis.
Jhumpa Lahiri recueille avec une minutie pleine de tact le mal de vivre, la nostalgie ou l'espoir, les sentiments d'une famille de déracinés. La panique, secrète mais intense, d'Ashima, la mère, la première fois qu'elle entre dans un appartement américain ; les " minutes américaines " qu'elle consulte avec sa montre ; le désarroi de Gogol et de sa sœur arrivant dans leur famille, en Inde, avec laquelle ils ne partagent qu'un nom : autant d'émotions ou de moments concrets que Jhumpa Lahiri capte et interprète, se faisant témoin des souffrances, des déchirures qui habitent ses personnages.
Après L'Interprète des maladies, recueil de nouvelles récompensé par le prix Pulitzer en 2000 et traduit en vingt-neuf langues, ce premier roman, plébiscité par la presse anglo-saxonne, était attendu.