Après
Le Monde libre et
Natasha, David Bezmozgis poursuit sa radiographie des peuples juifs d'Europe de l'Est, entre crise identitaire, trahison et remords, et nous livre un roman dense et fascinant sur l'impossible question israëlo-palestinienne.
Fuyant Israël pour échapper à un scandale politique, Baruch Kotler n'imaginait pas un seul instant l'extraordinaire rencontre qui l'attendait : face à lui, dans un petit meublé miteux de Yalta, Vladimir Tankilevitch. Son ancien camarade de chambre à Moscou. Le traître.
Trente ans ont passé mais la blessure est toujours béante : Vladimir était son ami, il l'a pourtant dénoncé. C'est à cause de lui que Baruch a été condamné pour espionnage et envoyé au goulag. Quinze ans de torture.
Mais Vladimir n'est que l'ombre de celui qu'il était. Si Baruch a réussi à quitter l'URSS pour devenir ce politicien charismatique, héros d'Israël, Vladimir, lui, a été exilé à Yalta, où il n'a fait que survivre, souvent payé en bouteilles de vodka.
Et pourtant, Baruch n'a-t-il pas trahi lui aussi ? Parce qu'il a fermement manifesté son désaccord quant au démantèlement des colonies, sa liaison adultère avec une femme de trente ans sa cadette a été révélée.
Qui mérite l'estime et qui mérite l'opprobre ?
Le pardon est-il seulement possible ?