Ils m'ont chargé d'empaqueter les affaires d'Arne. Ils ont attendu qu'un mois entier se soit écoulé - un mois de perplexité et de faux espoirs - avant de me demander, un soir, si le moment n'était pas venu de les trier et de les ranger. Dans la bouche de mes parents, cette question équivalait à un ordre. Je n'ai rien promis ; j'ai fini de dîner en silence, j'ai fumé une cigarette en buvant un dernier verre de bière, puis je suis monté dans ma chambre que j'avais si longtemps partagée avec Arne. Arne, douze ans, a perdu ses parents et ses sœurs. Recueilli par un proche de son père, responsable d'un chantier de démolition navale dans le port de Hambourg, il devient rapidement l'ami de Hans, le fils aîné de la famille. A l'école ses dons exceptionnels le font remarquer de tous mais il reste un être en marge. Son plus cher désir est de se faire accepter de cette petite communauté...
Siegfried Lenz - dont l'œuvre entière est consacrée à la faute collective, au cas de conscience, à la fragilité de l'individu traite ici de ce qu'il considère comme l'un des vingt grands thèmes de la littérature mondiale : l'exclusion. Avec sensibilité et retenue, il raconte les êtres, mais aussi la mer, le vent, la brume, et nous incite à une véritable méditation.