Dans ce quatrième roman, Edem Awumey propose une ouvre d'une force inouïe, qui explore impitoyablement cette obscurité que l'humanité porte en elle.
Ito Baraka va mourir. À Gatineau, loin du soleil, dans l'obscurité humide de ce minable appartement qu'il partage avec sa compagne, Kimi, autochtone et junkie.
Mais, avant de mourir, il a ce livre à finir. Ce roman où il raconte des événements qui se déroulent dans un pays où le soleil brûle, brûle la peau, brûle le cerveau, brûle la rétine de ceux qu'on oblige à le regarder sans ciller. Dans un pays où brille également un autre soleil, celui d'un dictateur en proie à la peur.
Et quand un dictateur a peur, il ratisse large. D'abord, il y a ces jeunes, à l'université, qui affichent leur liberté en montant Beckett sur des scènes de fortune et en distribuant des tracts où la parole de l'auteur de Fin de partie prend une résonnance insoupçonnée. Ensuite, il y a les vieux, qui sont, on le sait bien, devins, mages, charlatans et surtout ensorceleurs et mangeurs d'âmes, et qui, une fois la nuit venue, sur leur couche, ferment les yeux, ordonnent à leur esprit de quitter leur corps et partent vers des contrées lointaines, êtres étranges aux bras déployés au-dessus des cases endormies, leurs ailes de feu tendues dans le vent.
La magie n'est-elle pas la plus dangereuse forme de sédition?
C'est ainsi que Ito, dans sa cellule, fera la connaissance de Koli Lem, l'aveugle qui ne se sépare jamais de ses livres. Au milieu de la nuit la plus noire, dans les paroles échangées, dans leur chair, ils seront l'un pour l'autre l'unique lumière.