1939. Heinrich Böll, futur Prix Nobel de littérature, est enrôlé dans l'armée allemande. Il a 21 ans. Durant les six années de guerre, il écrit chaque jour à ses proches. Ces centaines de lettres, envoyées de Pologne, d'Allemagne, de France ou du front de l'Est, racontent le quotidien d'un soldat de la Wehrmacht. Böll maudit cette vie militaire qui lui vole ses plus belles années, mais, paradoxalement, il veut croire à la victoire de son pays, celui de Goethe et de Beethoven, non celui de Hitler. Stationné en France jusqu'en 1943, il y coule des jours presque heureux, loin des zones de combat, inconscient de la dure réalité de l'Occupation. Mais son transfert sur le front de l'Est constitue une rupture. La violence, les paysages désolés, les populations meurtries le marquent à jamais. Pour lui qui ne rêve que de littérature, l'écriture, plus qu'un refuge, est un laboratoire. Sous sa plume, tout se dessine et prend vie, les vagues, les collines, les visages. Ces lettres de guerre sont à lire comme une passionnante étape de maturation. Car c'est de ce terreau-là qu'est né le plus grand écrivain allemand de l'après-guerre.