Radiguet avait vingt ans quand il écrivit Le Bal du comte d’Orgel. Le sujet ? Impossible de trouver plus conventionnel: le mari, la femme et l’ami de la famille. Mais la convention et la bienséance, ici, couvrent la plus trouble et la plus licencieuse des chastetés. Mme d’Orgel aime son mari qui lui retourne une aimable indifférence, mais qui va commencer de l’aimer «comme s’il avait fallu une convoitise pour lui en apprendre le prix ». Et c’est l’amour que François éprouve pour sa femme qui amène le comte d’Orgel à le préférer à tous ses autres amis. À partir de là, les sentiments évoluent, subtils, feutrés, étranges et comme étrangers aux êtres qu’ils habitent.
«On s’effraie d’un enfant de vingt ans qui publierait un livre qu’on ne peut écrire à cet âge », dit Cocteau. À quoi Radiguet a répondu d’avance : « L’âge n’est rien… Les plus grands sont ceux qui parviennent à le faire oublier. »