Toute ma vie, j’ai aimé, bu, mangé, fumé, ri, dormi, lu. De l’avoir si bien fait, on m’a blâmée de l’avoir trop fait. Je me suis bagarrée avec les hommes pendant plus de soixante ans. Je les ai aimés, épousés, maudits, délaissés. Je les ai adorés et détestés, mais jamais je n’ai pu m’en passer… La chaleur des hommes, qui m’a si bien enveloppée, ne fait que me rendre plus odieux ce grand froid qui avance. Il n’y a pas de bras assez puissants pour m’en préserver, dans la nuit qui vient.