Il a beau être cinéaste et non pas acteur ni humoriste, le narrateur du Jour et l’heure ressemble à Guy Bedos comme deux gouttes de fiel et deux pincées d’arsenic. Son succès est derrière lui, il en veut à la terre entière, n’est plus tout jeune et songe sérieusement à en finir bientôt avec la vie. Sa seule condition : choisir le jour et l’heure. Mais il n’a pas prévu qu’en laissant traîner les pages où il exprime sa colère et son ressentiment, ses pulsions suicidaires et ses dernières pensées amoureuses, chacun de ses enfants aura le loisir à tour de rôle de les découvrir, de les lire, de lui répondre.
Pour son premier roman, aussi décapant et incorrect que l’on pouvait l’espérer, sinon l’imaginer, Bedos a donc choisi le livre à plusieurs voix : un père, son fils, ses filles.
Oui, ce personnage attachant et insupportable, terriblement lucide sur le monde qui l’entoure, proche et lointain, possède bien le ton et la force de son auteur, mais aussi bien sûr, et surtout, un vrai désespoir de juif new-yorkais qui serait né accidentellement en Algérie, avant-guerre.