Pourquoi le plus grand poète anglais a-t-il choisi d’écrire avant tout pour le théâtre ?
Telle est la question essentielle que pose Michael Edwards, lui-même poète, essayiste et grand spécialiste de Shakespeare, à qui il a déjà consacré plusieurs livres.
En étudiant comment Shakespeare oeuvre en poète dans tous les aspects d’un travail pour la scène, il montre que la multiplicité des personnages dans chaque pièce l’incite à renoncer à une seule perspective et à soumettre sa vision au jugement de situations concrètes. Shakespeare dépasse le lyrisme du moi en se hasardant sans cesse dans le je des personnages, même secondaires. Il transforme ainsi la poésie en parole, maintient l’oralité, et devient le « poète des autres ». Pour développer ses idées, Michael Edwards a sciemment choisi des pièces moins connues : Les Deux gentilshommes de Vérone, Peines d’amour perdues, Troilus et Cressida, Mesure pour mesure, Tout est bien qui finit bien et Cymbeline. Couvrant toute la carrière de Shakespeare, elles sont particulièrement aptes à éclairer la question, et se révèlent d’une richesse insoupçonnée. Elles lui permettent également de redéfinir le théâtre – lieu autre, à la fois matériel et fictif, image parfaite de ce changement du réel et du moi qui serait la tâche fondamentale de la poésie.
En suivant inversement le travail du dramaturge dans les Sonnets, Michael Edwards propose une lecture claire et passionnante de ces poèmes mystérieux qui explique enfin leur sens et leur place dans l’oeuvre de Shakespeare.
Après De l’émerveillement (Fayard, 2008), Michael Edwards nous livre cette méditation originale sur le théâtre et sur la poésie. Elle fut l’objet de ses cours au Collège de France qui suscitèrent un grand intérêt lors de leur diffusion par France Culture.