1942 : l’Europe est à feu et à sang, la Suisse est travaillée de sombres influences. À Payerne, ville de charcutiers « confite dans la vanité et le saindoux », le chômage aiguise les rancoeurs et la haine ancestrale du Juif. Autour d’un « gauleiter » local, le garagiste Fernand Ischi, et du pasteur Lugrin, proche de la légation nazie à Berne, s’organise un complot de revanchards au front bas, d’oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux. À la suite du Vampire de Ropraz, c’est un autre roman, splendide d’exactitude, à l’atmosphère lourde, que nous donne Jacques Chessex. Les assassins sont dans la ville.
Jacques Chessex, notre nouveau Flaubert, n’a pas son pareil pour décrire sans trembler des abominations, pour hurler à voix basse, pour fouiller la culpabilité dans une prose de confessionnal. Jérôme Garcin, Nouvel Observateur.
Un petit chef-d’oeuvre. Il écrit en peintre, mais sobre, incisif, mordant, effarant et bref. Beauté du monde, fatalité du mal, silence de Dieu, tout est là, qu’on reçoit comme une claque. Marie-Françoise Leclère, Le Point.