« Un soir d’été de ma huitième année, Sarah m’emmène voir mon premier ballet : Le Lac des cygnes. Je suis subjuguée par les corps, les costumes qui les revêtent, les mouvements qui les étirent et les développent. De la douleur et de la souffrance, je ne comprends que celles de l’amour entre Odette et Siegfried ; incapable de percevoir l’endurance des danseuses et danseurs, de deviner que dans les chaussons, les chairs sont meurtries, que la beauté est toujours composée d’un peu de laideur.
Le lendemain, au réveil, je sais que je serai danseuse. Dans mes rêves les plus fous, une grande danseuse.
Plié. Tendu. Plié. Tendu.
Je n’ai pas encore la technique. En revanche, j’ai le physique : longs bras, longues jambes, long cou, petit buste. Oui, j’ai tout du cygne. Mais je suis noire, comme ce petit canard qui, tant que sa vraie nature n’est pas révélée, est vilain, rejeté de tous pour cette unique raison.
Je serai le premier cygne noir. »
C. L. P.
En 2021, Chloé Lopes Gomes a accusé certains responsables du Staatsballett de racisme. Après un recours en justice, elle a obtenu gain de cause, à travers une prolongation de son contrat et une indemnité.
Récit de résilience face à l’adversité, Le Cygne noir est son histoire.