En 1929, André Gide accueille sur l’orbite très exclusive de ses intimes un jeune homme de vingt-six ans à qui il prête « tous les charmes de l’enfer ». Il a été un proche de Jean Cocteau, il fume de l’opium : « Ecrivez. » Pierre Herbart est devenu l’auteur d’une œuvre secrète, mais qui est un mot de passe pour les amoureux de la littérature. De La Ligne de force, sur la colonisation française en Indochine, on a pu dire que « c’est « plus fort que L’Espoir de Malraux ». Avec L’Âge d’or, il a écrit le grand livre sur l’homosexualité qu’on aurait précisément pu attendre de Gide. Styliste merveilleux, homme en retrait, par une élégance désintéressée et bien rare, il doit être placé parmi les écrivains français majeurs du XXe siècle.
Fils d’une famille bourgeoise déclassée, un temps communiste, préparant le célèbre voyage en URSS de Gide, résistant héroïque (il a libéré la ville de Rennes sous le nom qu’on lui avait donné malgré lui de « général Le Vigan »), homme de presse avec Albert Camus, il n’a jamais tiré jamais aucun avantage social ou politique d’actes qui auraient valu des ministères ou des fauteuils académiques à plus d’un. Herbart ou : le talent et la grâce.
Cette première biographie s’appuie sur de nombreux témoignages et documents inédits.