Dans le climat xénophobe des années cinquante, j’ai
décidé – de retour en France – de ne jamais raconter mon
passé, et notamment ces années roumaines qui ont coïncidé
avec le triomphe d’un régime communiste qui fascinait à
l’époque nos intellectuels. Les uns n’aimaient guère les gens
venus d’ailleurs, tandis que les autres n’acceptaient pas qu’on
ait pu quitter ce nouveau modèle de société décrété idyllique.
J’avais par conséquent décidé de me taire et de refuser
une image et une mentalité d’étranger. Mon objectif était de
ressembler aux millions de Dupont qui m’entouraient sans
proclamer ma différence, ni croire naïvement que ma mission
consistait à changer la société ou encore à bouleverser les
moeurs. »
Henry Chapier éditorialiste polémique du journal Combat
et critique de cinéma virulent des années 60, rejoint en 1974
le Quotidien de Paris de Philippe Tesson et devient rédacteuren-
chef des pages « Culture ». Dans les années 80, il est l’un
des rédacteurs-en-chef du journal télévisé « Soir 3 » avant de
créer « le Divan d’Henry Chapier » devenu depuis une émission
culte. Aujourd’hui Président de la Maison Européenne
de la Photographie et chroniqueur Culture et Cinéma sur
Radio Nova, il décide de revenir sur son parcours.