Entre ce qu’en disait Odessa Clay: «J’ai jamais compris pourquoi Dieu m’avait choisie pour être sa mère» et ce qu’en dit Khalia Ali: «Il n’est plus rien, juste un objet», soixante-dix ans ont passé, Cassius Marcellus Clay Junior est devenu Muhammad Ali, le plus grand sportif de tous les temps. Entre Richard Nixon qui dansait la gigue dans le bureau ovale à l’idée que ce «trou-du-cul de déserteur» ait perdu pour la première fois et Barack Obama qui travaille sous une photo du jeune Clay victorieux, le parcours de Muhammad Ali épouse celui de l’histoire des États-Unis et des conditions modernes de sa représentation. Comme son personnage et son destin valent mieux qu’un essai sur l’évolution des rapports raciaux des années 1950 à nos jours ou qu’une biographie conventionnelle, il a fallu, pour en faire unroman, démonter et remonter quelques milliers de points de vue, souvent contradictoires. Comme si, en un certain ordre (r)assemblées, les révélations à son sujet, les anecdotes inédites, les controverses et les sentences lapidaires formaient la seule épopée à la hauteur de celui qui a refl été son époque, crevé les écrans, et qui déborde encore les cadres.
Frédéric Roux, artiste sous différents pseudonymes, a publié une quinzaine de livres chez une douzaine d’éditeurs. L’avant-dernier, L’Hiver indien (Grasset), a été classé dans les 20 meilleurs livres de l’année 2007 par Le Point ; le dernier, Éloge du mauvais goût (Le Rocher), n’a eu aucun écho.