Paul croyait aux mots qui disent la beauté du monde, ceux de l’école et des poètes, déclamés sur l’estrade par des maîtresses lumineuses, descendantes des antiques vestales. Giovan, fils d’immigrés italiens abonné aux mauvaises notes, ne croyait pour sa part qu’aux mots de la révolution. Pourtant Paul et Giovan étaient amis. Parce que dans l’enfance les espoirs en un monde meilleur et les visions des poètes peuvent sembler une seule et même chose, pourvu que les mots vibrent, vivent. Mais qu’en est-il quelques décennies plus tard ? Certains ne voient jamais se réaliser leurs rêves, d’autres les trahissent. Paul, qui a vieilli dans le métier de professeur, subit la parole morte et technique qu’impose désormais l’institution scolaire. Et Giovan l’anarchiste ?
De livre en livre, Jean Védrines forge une langue libre, une poétique de la révolte, refusant que la littérature soit réduite à un instrument de pouvoir, de commerce ou de domination. Morteparole est son sixième roman.