L'occupation de la France de 1940 à 1945 par les armées nazies a suscité un grand nombre d'ouvrages. En voici un qui présente la particularité d'être un témoignage au jour le jour d'une femme qui avait connu dans son enfance et sa jeunesse un grand renom dans la vie littéraire de Paris.
Jeanne Pouquet, modèle de Proust pour le personnage de Gilberte Swann, belle-fille de Léontine Arman de Caillavet, qui fut la maîtresse égérie d'Anatole France, épouse de Gaston de Caillavet qui, avec Robert de Flers, avait animé les scènes théâtrales de Paris, fut la mère de Simone, épouse d'André Maurois.
C'est pour sa fille, réfugiée à New York, qu'elle tint la chronique des événements qui ensanglantèrent le Périgord, un des foyers les plus violents de la Résistance avec le Vercors. Son récit est truffé d'extraits de l'abondante correspondance qu'elle recevait de ses relations dans diverses régions de France. Elle brosse ainsi un tableau illustrant la logique infernale qui agitait les esprits désorientés par le chaos.
Jeanne Pouquet, mue par des mobiles plus sentimentaux qu'intellectuels, peut parfois heurter par des jugements qui ne sont pas " politiquement corrects " aujourd'hui, mais elle partageait avec de nombreux Français de ce temps un désarroi largement répandu, un déchirement entre une fidélité ancienne et un aveuglement devant les désastres de l'Histoire.