« J’avais connu une succession d’hommes, pourtant je passais davantage de temps à imaginer l’amour qu’à le vivre. J’avais si peur de la réalité.
Et puis je retrouve Gabriel, croisé au lycée, à quinze ans.
Tout au long de nos neuf mois d’amour, la peur revenait s’installer. Parfois je l’imaginais avec une autre, le plus souvent disparu, blessé, mort.
La première fois, il ne m’avait pas téléphoné pendant 24 heures. Le lendemain, il était là, devant moi, me souriant et moi souriant de mon inquiétude.
La dernière fois, il devait me rejoindre à la piscine. Il m’avait prévenue de son retard et je comptais les longueurs, dix de brasse, dix de crawl. Il n’était toujours pas là pour les dix dernières en dos crawlé. Il ne viendrait jamais, il m’avait oubliée, quittée déjà, il avait eu un accident, il était dans le coma... Dans le vestiaire, j’ai cherché mon téléphone, il m’avait laissé plusieurs messages. Mon amour, mon cœur, désolé, je t’attends devant l’entrée de la piscine.
Il disait qu’il n’avait aucun doute sur l’amour qu’il ressentait, j’étais la femme de sa vie. Mais il ne pouvait rien m’assurer, l’amour entre un homme et une femme n’était pas indéfectible.
Je devais m’habituer à l’incertitude de notre amour. »
C.S.
Un homme, une femme, des retrouvailles. Et l’amour, enfin, peut-être.