L'existence de Beaumarchais est une ivresse de vivre. Une suite de folles journées. Une pièce de théâtre effrénée où les personnages, tous Beaumarchais, se succèdent, se nourrissent l'un l'autre, s'allient, se contredisent, se combattent, parfois se détestent, le plus souvent s'aiment, trop.
Ce serait banal si, vécues par tous ces personnages, toutes ces vies se succédaient sagement. Cet horloger, fils d'horloger, ne supporte pas la chronologie. C'est le prince du En Même Temps, cette stratégie qui, quoi qu'on pense, n'est pas moderne : c'était déjà la devise du XVIIIe siècle. Musicien, courtisan, financier, promoteur immobilier, industriel, espion, armateur, auteur d'œuvres tantôt géniales, tantôt très oubliables, éditeur de Voltaire, il devient révolutionnaire malgré lui. Trop gourmand pour ne pas tout vivre à la fois.
Comme l'écrivait Fernando Pessoa, n'être qu'un est une prison.
E. O.
On quitte ce texte ébouriffé, fourbu de liberté. Le Point.
Un livre mené au galop. Lire.