Comment affronter des souvenirs vieux d’un demi-siècle ? Comment revoir celui à qui l’on doit peut-être d’avoir choisi la solitude ?
A l’époque, déjà lointaine, des lettres manuscrites et des cabines téléphoniques à pièces, Catherine, Jean-Mi et René ont sillonné la France, d’hôtel miteux en balcon sur la mer, croyant ou feignant de croire qu’ils effectuaient là un petit boulot d’étudiants, mais participant en fait à une escroquerie.
Une jeune fille et deux jeunes garçons, partageant la même chambre, le même lit, la même salle de bains. L’un s’exhibant sans pudeur, les deux autres tâchant de préserver un semblant d’intimité malgré les circonstances. L’une aimant l’un, l’un aimant l’autre, presque comme de coutume ? C’eût sans doute été trop simple.
Les supercheries finissent par être dévoilées, les escroqueries par être démasquées. Celle à laquelle ils ont participé plus ou moins consciemment connaît une fin qui frôle le drame. Ils se séparent, vaguement coupables, vaguement honteux. Leur jeunesse est désormais derrière eux.
Et pourtant, cinquante ans plus tard, la question se pose : est-ce vraiment cela qui a empêché René de revoir Jean-Michel ?
Scénariste, réalisateur et écrivain, Jacques Fieschi a notamment publié L’homme à la mer (Lattès, 1990) et L’éternel garçon (Grasset, 1995).